oh je vois ! et alors, c'est quoi ton histoire ?

Je suis un inconditionnel du changement. Arpentant les rues de Paris, je ère telle une âme à la recherche d'un but. Croisant autant de sans abris que de commerçants, je laisse mes refus et mon inconscience guider mon esprit jusqu'au lieu tant désiré. Un lieu utopique où la seule passion née de plusieurs années de travail. Je n'aime pas faire cela, je n'aime d'ailleurs pas faire grand chose. Mes proches me répétaient souvent d'exécuter les moindres de leurs désirs mais depuis ma plus jeune enfance, je n'attendais qu'une chose, prendre ma revanche sur la vie. C'était donc en parfait comédien que je démarrais ma carrière, faisant croire à tous que le mannequinat était un choix et non un dernier recours. Pourquoi devenir mannequin quand on peut travailler au premier Fast food du coin ? Et bien la réponse n'est que simplicité, l'argent. Cette chose qui guide chacun de nos pas, qui casse tout nos désirs, qui nous empêche de vivre allant même jusqu'à en abattre certains, oui, ces quelques bouts de papier ou ces cagnottes numériques, ces simple chiffres qui guidaient toute une planète. Tout le monde rêve d'être riche, d'avoir une vie de luxe, d'avoir un palace à Las Vegas, d'avoir sa propre Ferrari, de pouvoir entrer dans tous les lieux les plus Uppés des quatre coins de la planète. Moi, mes désirs n'étaient en aucun cas de me faire remarquer, une simple vie de boucher m'aurait suffit... Certes, couper des morceaux de viande a de quoi vous rendre végétarien à vie. Je m'étais donc lancé dans le mannequinat avec pour seul but éphémère, la survie. La mort arrive toujours à un moment ou à un autre, certains la provoquent, d'autres l'attendent, et enfin d'autres préfèrent vivre au jour le jour. Je fais parti de cette troisième catégorie, ne pas me prendre la tête, voilà ce qui me permet de survivre. Ne pas se poser de questions, juste vivre.

Juste survivre.







Vingt et une heure trente, Paris.

Voilà maintenant deux bonnes heures que les voix remontaient la cage d'escalier pour atteindre ma chambre. Seule pièce de l'étage, tout bruit, toutes paroles s'amusaient à entrer dans la pièce, frappant les quatre murs telle une foreuse. Oui, cela faisait maintenant deux bonnes heures que Jacob et Valence se disputaient pour une énième histoire de tromperie. Mon lecteur cassette en mains, j'écoutais péniblement le dernier titre à la mode, attendant que l'heure tourne. Ce jour là, je venais de fêter mes huit années en cette terre, aucune fête, aucun ami n'était présent, et jusqu'à cette heure ci, aucun cadeau ne m'avait été offert. Je ne souffrais cependant pas, puisque la vie m'avait habituée à ce genre de "coup dur" comme certains pourraient l'appeler. Cependant je ne trouvais pas cela d'une ardeur extrême, certainement trop habitué au bruit pour penser que cela ne devait pas être habituel. Un bruit de verre brisé, quelques pleurs, une porte claquée, d'autres pleurs encore, puis des bruits de pas longeant les marches de l'escalier en bois, quelques craquement par ci par là. La poignée s'actionna... Puis aucun bruit, pendant une bonne vingtaine de secondes, celle ci resta enfoncée sans que la porte ne s'ouvre. Vingt secondes à attendre un bruit, un mouvement. L'ombre restait fixée, cachant le filet de lumière qui passait sous la porte. Puis finalement, quelques pleurs se firent entendre, des pleurs camouflés, étouffés par une mère égoïste. Finalement après s'être ressaisit, elle entra dans la pièce, qui fut envahie par une onde de lumière. La jeune femme s'approcha de moi et déposa le creux de sa main sur mon front, caressant délicatement ma peau encore douce à cet âge. Puis dans un murmure elle lâcha quelques douces paroles.

« Je suis désolée Jamie » dit-elle d'une voix étouffée.

Après un long silence et des yeux perlant quelques larmes, je finis par lui répondre, de simples paroles qui eurent l'effet d'une bombe, déchirant son cœur en quelques millions de morceaux.

« Va te faire voir Valence. » dis-je d'un ton neutre avant de me retourner et de clore mes paupières.

Si ce jour là je n'avais pas eu de présent, Dieu m'en avait finalement offert un, la parole. Je ne revis jamais mon père, chose plutôt positive puisqu'au final, ce n'était rien d'autre qu'un lâche, il ne me méritait tout simplement pas.







Me voilà maintenant lancé dans la vie, le travail qu'ils appellent ça, pour moi, cela porte plus le nom d'emmerdes constantes et incurables. C'est dans un bus que je fus repéré, comme quoi il faut de tout pour faire un monde. Saviez-vous que les bookeurs prenaient le bus vous ? Ils doivent certainement être en bas de l'échelle sociale, ou alors ce gars là avait vraiment un problème. Il m'amena directement à l'agence pour laquelle il travaillait et après quelques essais je fus engagé. Vous devez trouver cela étrange, de suivre un inconnu sans pour autant savoir ce qui vous attend, ça l'est, mais c'est également excitant. J'enchaîne donc depuis l'âge de mes dix neuf ans les fashions weeks ainsi que les séances photoshoots, je connais du monde, beaucoup de monde, les relations, c'est ce qui vous maintient en vie dans ce genre de métier. Je suis aimé ou détesté, peu m'importe, l'important est de survivre n'est ce pas ?