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 « Quand je serai grand, je serai... »

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MessageSujet: « Quand je serai grand, je serai... »   « Quand je serai grand, je serai... » EmptyJeu 17 Fév - 18:19


« Quand je serai grand, je serai... »
avec CONSTANCE G. ANKOVA.
Le visage protégé par un casque, son souffle heurta la visière d'une nuée opaque. Ses songes se brouillèrent en même temps que sa vision ; les méandres de son esprit s'offrirent aux bruits incessants du tout Paris de cette fin d'hiver. Les klaxons se mêlaient aux appels, le crissement des pneus s’étouffait dans les vociférations des piétons, et l’ensemble transpirait une agitation presque maladive, guerrière, où ces sombres petits êtres naissaient et mourraient en quelques secondes seulement, au détour d’une rue ou d’une bouche de métro. Et lui n'y comprenait plus rien.
Il semblait bien étranger à ce monde, alors qu'il demeurait pourtant en son centre.

Un rire cristallin lui vrilla les tympans, mais ce n'eut rien d'une hallucination. « Tu es là depuis une demi-heure... Elle va venir, ta fiancée ? » Secouant brièvement la tête, Dorian eut quelques peines à réaliser le sursaut qui venait de parcourir son corps pour assourdir ses sens. Par réflexe, il ôta son casque en se frottant vaguement l'oreille. « Quoi ? lâcha-t-il. » Elle repartit d'un grand rire d'une gaieté agaçante pour le bougre, qui remarqua enfin la manière dont la jeune femme ne cessait de le dévisager. « Ta copine, sourit-elle avec patience, elle arrive bientôt ? » « Mais va t'faire foutre. » Complètement abasourdie, elle le scruta sans comprendre. « T'as pas compris ? Dégage. » « Mais je... j... je... » « Dégage. » La fermeté appela les larmes, et la belle emporta les miettes de sa dignité dans le bar d'à côté sous le regard insensible de son bourreau.

Camille Mercier n'avait simplement pas eu de chance. Dorian n'avait pas voulu la blesser, elle ne le méritait pas. Mais cette joie, ce sourire avenant, cette posture fière et ce beauté... il en avait souhaité l'anéantissement pur et simple à la seconde même où il avait posé les yeux sur elle. Il se devait de haïr les femmes, toutes les femmes. Et aucune n'éveillait plus rien chez lui qu'une morne jalousie endeuillée. Il n'avait plus personne à envier. Il n'avait plus personne à consumer de ses folies vindicatives. Si l'on exceptait ces vengeances qui ne naissaient que dans la mort, et de la mort, de ces vengeances qu'il venait assouvir ici-même, ce matin-là. Une vengeance dont Camille Mercier venait d'essuyer les prémices, de s'être trop frottée à l'animal de destruction qu'était devenu Dorian Saint-Clair. Ce prédateur dissimulé sous un casque, dans son habit de coursier, à attendre sa proie. Car elle viendrait bientôt.

« Quand je serai grande ! je serai... » « Constance Ankova, je sais. » Dorian se rappelait encore de l'enthousiasme infantile dont Louise faisait preuve lorsqu'il s'agissait de cette femme, son idole. « Je t'interdis d'être blasé. Tu te rends compte de tout ce que cette femme à changer dans le monde ?! » « Le prix du mauvais goût ?... aïe ! » Plusieurs fois, Louise le frappait de l'entretenir de la sorte. La passion que la jeune femme vouait à sa déesse très personnelle ne souffrait pas la moindre contestation et, d'ailleurs, il arrivait souvent qu'ils ne se parlent plus pendant des jours sur fond de telles disputes, bien futiles. « Tu n'y comprends rien. » « Viens dîner. » « Je dois travailler. » « Louise. » Et rien. « Chut. » « ...moi, soupira-t-il en s'installant à table, quand je serai grand, je serai quelqu'un de plus important pour toi que cette Constance. » Sans s'affecter de rien, Louise ricana froidement, l'assassinant encore. « C'est ça, rêve. »
Dorian avait toujours haï Constance Ankova, éminente rédactrice de Vogue Paris. Et, le temps faisant, la mort passant, son ire conjuguait les raisons de la haïr plus encore. Voilà ce qu'il attendait. Sa patience parvenait à son terme, et sa vengeance aussi.
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MessageSujet: Re: « Quand je serai grand, je serai... »   « Quand je serai grand, je serai... » EmptyVen 25 Fév - 2:00

Tous les matins s’était la même chose, six heures avaient presque sonné le réveil annoncerait bientôt l’heure de sortir des bras de Morphée. Mais comme toujours dans le noir ses yeux perçaient la nuit, Constance Ankova ne dormait pas, force de l’habitude elle avait intégré ce réveil à son horloge biologique. Sa main s’abattit avec une vivacité qui aurait pu passer pour violence. La bonne vint ouvrir les volets, tirer les rideaux, lui donner sa robe de chambre en soie noire. « Padma j’emporterais mon thé vert, appelez Vassili qu’il prenne la Mercedes aujourd’hui et rappelez lui qu’il faut qu’il passe prendre Ranja à midi. » elle sortit de la pièce s’enfermant dans la salle de bain. L’eau froide sur sa peau engourdie du sommeil dont elle s’était juste extirpée. Déjà son téléphone sonnait, son ex-mari, il était bien matinal, dans un sourire hypocrite elle ne rejeta l’appel.

Gracieuse elle descendit sur le pallier enfila son manteau noir, ses lunettes de soleil, son sac à main. « Quelle incompétence ! » « Oui Madame ? » au moins l‘incompétente comprenait lorsqu’on parlait d‘elle, Constance pouvait toujours lui reconnaître cette qualité, la pauvre fille n’était pas aveugle ou inconsciente de ces défauts. « Padma où sont mes croquants ? » « Vous ne me les av… » « Allez déblatérer vos inepties ailleurs, dans la cuisine par exemple et veillez à ramener mes croquants. » « Bien Madame. » Quelques secondes après la bonne revient et fut remerciée par un regard au ciel de la part de sa patronne que Constance tint à accompagner d’un profond soupir. Les gens étaient lents, très lents, toujours trop lents.

La voiture passa bientôt la prendre, le masque de fer était tombé sur son visage à la vitesse où l’on pose sur son nez une paire de Dior, déjà sa journée commençait, il n’était pas encore sept heures à Paris que le monde se mettait à grouiller d’activités et que la capitale française devenait la fourmilière qu’elle avait la réputation d’être. Assise derrière les vitres de la Mercedes elle ne contemplait pas la beauté de l’architecture, bien qu’elle n’en fût pas lasse. Ses yeux étaient rivés sur un ordinateur portable ainsi que sur son téléphone. Appuyant sur la touche numéro 1 elle joignit son assistante. « Bonjour Constance ! » « Appelez Sonia, et passez prendre 2 peignoirs, trois serviettes, des linges, des gants… Je veux une page Rykiel pour les tenues d’intérieurs. N’oubliez pas de passer prendre les vestes ZZegna pour la première page du feuillet homme, demandez des cuirs chez Ralph Lauren et par pitié une fois au Printemps achetez du parfum le votre me donne la nausée. » Elle raccrocha et commença la lecture de ses e-mails. Inutile, inutile, inutile… Des soldes chez Guerlain… Pathétique. « Qu’est-ce qui mérite que vous me dérangiez ? » « Calvin Klein me propose tout un lot de survêtements, de pantoufles. » « Dans la phrase « Je veux une page Rykiel » est-ce Rykiel qui échappe à votre compétence ? Dites à Calvin Klein que moi vivante ils n’auront pas leurs survêtements sur mon magazine, je leur ai dit cent fois qu’ils devraient revoir les coupes et les modèles avant de me demander de sacrifier l’intégrité d’un Vogue. » « Très bien je leur di… » Bientôt elle arriva au siège de rédaction de son magazine, car elle en était la reine et qu’il lui appartenait. Qu’elle soit folle, qu’elle soit une garce, ou au contraire qu’elle soit aussi gentille et innocente qu’un agneau, c’était elle qui avait le pouvoir ici et personne ne viendrait empiéter sur le territoire qu’elle avait conquis un jour et qu’elle ne rendrait qu’à sa retraite.

La portière s’ouvrit et le chauffeur tendit la main pour l’aider à sortir, ses escarpins noirs en effleurant le sol répandirent un vent de frayeur perceptible de l’extérieur. « Bonne journée Madame Ankova. » « Les avez-vous prévenus de mon arrivé Vassili ? » « Oui Madame. » « Bien, laissez moi. » D’un pas conquérant elle pénétra le hall n’accordant qu’un regard désapprobateur aux abominations vestimentaires du jour. Si les aiguilles sur lesquelles elle marchait avaient été des lames elles auraient marqué le sol de deux arcs de cercles. Personne ne prenait l’ascenseur avec elle, c’était connu.
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MessageSujet: Re: « Quand je serai grand, je serai... »   « Quand je serai grand, je serai... » EmptyMer 2 Mar - 22:55

Constance Ankova était une belle femme, une très belle femme, sublime entre toutes, mais ce n’était pas ce que l’Histoire retiendrait d’elle.
Dans le semblant d’appartement qui lui servait toujours de tanière, Dorian empilait encore plein de cahiers remplis de ses photographies, sous tous les angles, de toute époque et en tout lieu. Les médias n’avaient eu de cesse de capturer la rédactrice dans leurs appareils et Louise, la défunte fiancée du jeune coursier, n’avait eu de cesse d’en faire l’assidue collection ; il n’avait pas eu le courage de tout jeter, de tout brûler. Il l’avait voulu - Dieu qu’il l’avait souhaité ! - mais Dorian n’avait pu se résoudre à détruire la substance, l’obsession, d’une femme qu’il avait trop aimée, qui l’avait obsédé, et qu’il aimait encore. Convaincu qu’un tel geste n’aurait fait qu’assassiner Louise de nouveau, il avait arrangé chaque volume dans un coin de la pièce, d’où le souvenir rejaillissait avec volupté sans pour autant le faire brûler de rancœur et de peine. Cependant, et c’était là la perversion de son mal, toute sa mémoire s’en trouvait exaltée, sans qu’il fût capable d’avoir le souvenir de son amour pour l’idéal défait de sa haine pour l’idole.
Voilà ce que Dorian Saint-Clair, lui, retiendrait d’elle.

La Mercedes fendit la rue, et pétrifia l’assistance citadine. Tour à tour subjugués, terrifiés et même méprisants, chacun y alla de sa réaction et de ses impressions. D’où il se trouvait, Dorian fût assailli, lui aussi, d’émotions diverses, et contradictoires. D’une façon ou d’une autre, nul ne pouvait rester tout à fait indifférent à l’arrivée de Constance Ankova, à cette heure précise de la matinée. Comme toujours.
En déposant son casque, Dorian se remémorait de telles habitudes. Cela faisait bien des jours, des semaines, peut-être, qu’il s’aventurait ici-bas, et qu’il guettait comme le dernier des rôdeurs. Remontant la fermeture-éclair de sa veste, il se rappelait surtout l’atout formidable qu’avait constitué son métier de coursier dans sa tâche ; arrangeant avec ses employeurs, il avait été pourvu de nombreuses courses pour la rédaction, tant et si bien qu’il était devenu un visage régulier, familier. Dorian n’avait jamais été plus loin que le hall, mais l’intérieur du monstre ne le souciait pas. Ce qu’il avait voulu, c’était une opportunité, même une seule. Et cette opportunité, il se l’était trouvé.

Inspirant profondément, il traversa enfin la rue. Sous son bras, un paquet. Une pochette, plus exactement. Son contenu n’intéressait personne d’autre que lui, mais aurait pu en inquiéter beaucoup. Comme il passait les portes, Dorian reçut l’aimable sourire de l’une des employées. Elle s’attendait certainement à ce qu’il s’approcha, comme d’accoutumée, et son visage décrivit d’ailleurs une sorte d’horreur incrédule lorsqu’elle le vit bifurquer. Le jeune Saint-Clair n’en savait rien, il n’avait pas cherché son regard un instant. D’une démarche trop ferme, il s’était engouffré un peu mieux dans le bâtiment, emboîtant le pas de l’unique personne qu’il n’aurait fallu suivre nulle part. Mais cela, son plan en méprisait l’idée.

Les portes de l’ascenseur achevaient de se fermer que Dorian s’y glissait, la silhouette suffoquée. Sans doute abreuvé d’un trop-plein d’une adrénaline méconnue, les idées se soulevèrent pour, enfin, s’effriter. Au bord des lèvres, il ne lui resta plus qu’une sombre amertume au goût de sang. « Je vous déteste. J’vous déteste, putain ! Vous entendez ça, hein ?… » Aussi dangereusement proche que fût Dorian, sa violence verbale n’attirait que sa crainte physique ; s’il avait pu lever la main sur elle, ne serait-ce que par la pensée, c’eut transparu dans l’intention. Or, il n’en était rien. « Je vous déteste plus que n’importe qui d’autre sur cette terre, j’vous déteste plus que tous ceux qui vous détestent réunis ! J’vous méprise, c’est pathétique… vous, vous vous prenez pour une reine, mais vous ’êtes qu’une putain de traînée, une mégalo de mal baisée ! » Du poing, il frappa sur l’interrupteur, l’effet fût immédiat : l’ascenseur s’immobilisa, vrillant l’espace de soubresauts estomaqués. « Vous exploitez des filles… des gamines, pour des conneries de mode qu’ont pas d’sens ; elles ont juste des rêves, des putain de rêves à la con, et vous vous en servez pour les détruire. J‘parie que ça vous fait jouir de les voir vous implorer pour un peu de célébrité, alors que vous vous en foutez de savoir si elles dorment sous des ponts, si elles se font baiser par leurs photographes... Je me trompe ? Mais j‘vous emmerde, moi. Je vous emmerde parce que l‘une d‘elle, c‘était la fille dont j‘étais amoureux. Je vous emmerde parce qu‘elle est morte à cause de vous. Je vous emmerde, putain… et j’vais vous l’faire payer cent fois. Aucune de vos putains de robes ou de vos putains talons m’empêchera de vous faire regretter le jour où vous avez bousillé ma vie pour une page d’un magasine à la con. »

Personne ne prenait l’ascenseur avec Constance Ankova, c’était connu. N’en déplaise, Dorian l’avait fait. Et s’il n’en avait pas fini, il avait déjà fort à regretter, ne lui déplaise.
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