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 une dernière étreinte mes bras - dorian.

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MessageSujet: une dernière étreinte mes bras - dorian.   une dernière étreinte mes bras - dorian. EmptyDim 6 Fév - 22:36

« i see a red door and i want it painted black »

La mine déconfite de Coralie. Ce visage atrocement banal d'éternel septième passage sur le catwalk qui se décompose pour ne plus laisser paraitre que la petite provinciale parvenue et frustrée.. un véritable régal. Le monstre se délectait encore des restes de son crime. « Non vraiment, merci, Coralie. Pour être honnête, je n'en ai pas la moindre envie. Mais c'est promis, si jamais j'ai besoin d'une secrétaire, je te sonne. » En quelques mots seulement, elle l'avait littéralement foutue en l'air. Cinq mois d'une amitié surfaite, de déjeuners accordés au compte-goutte, de sourires aussi rares que précieux, de souvenirs jalousement gardés pour le soir. Cinq mois qu'elle avait balayé en une fraction de seconde.. et juste avant le défilé, devant toutes les filles, alors qu'elle était pleine d'appréhension, qu'elle réclamait un mot, un regard, n'importe quoi. « Cassandre ?.. Je me disais qu'on pourrait faire les boutiques vendredi prochain. Il y a.. Enfin je sais que tu collectionnes les vestes en cuir et.. Il y a ce magasin, tu sais, celui dont je te parlais hier. Bref, je te montrerai, je suis allée faire un peu de repérage. A moins que.. Tu as le photoshoot pour Valentino ce vendredi-là, non ? A moins que ce ne soit jeudi. Je sais que tu me l'as déjà dit en plus, excuse-m.. » Mais l'idole ne lui avait pas laissé le temps de terminer. Et la beauté de l'affaire était qu'elle s'en voulait. C'était elle la petite idiote qui avait osé l'importuner. Elle aurait vendu père et mère pour remonter le temps de quelques minutes.. Au moment même où le bourreau respirait la fugace plénitude d'une vie volée, la victime se haïssait avec une violence dont elle se croyait jusque là incapable.

Son tee-shirt flottant au vent laissait deviner les côtes saillantes. Au bout d'un poignet délicat, la main portait la cigarette empreinte de victoire. Elle savait qu'avec le mégot s'envolerait le calme et qu'à nouveau avide de sang et d'humiliation, elle s'en irait quérir une autre âme naïve. Voilà de quoi Cassandre se nourrissait, en témoignait son corps qui flirtait constamment avec la maladie. Et elle demeurait paradoxalement sublime, au beau milieu des touristes, des étudiants en architecture et des amoureux du Pont Neuf. Le soleil couchant brulait sa peau d'un rouge assassin et voluptueux. Les yeux mi-clos, elle s'abandonna aux bribes de conversations stériles, aux pas lourds et aux mèches de cheveux blonds de la jolie russe qui l'accompagnait contre son bras nu. « De chrysanthèmes en chrysanthèmes, nos amitiés sont en partance. De chrysanthèmes en chrysanthèmes, la mort potence nos dulcinées.. » Et l'autre de demander avec son accent slave séduisant à couper au couteau : « What are you singing ? » Elle ne prit pas la peine de répondre, s'appuya tout à fait contre le rebord et enfouit sa tête entre ses bras. « J'adore Paris. Cela est beau. » En se redressant un peu, elle égratigna sa main gauche. « Je t'en prie, fais moi l'économie de tes phrases toutes faites. Je ne suis pas une putain de chroniqueuse pour Vogue. Tu dis que tu adores Paris, mais qu'est-ce que tu as vu depuis que t'es arrivée, hein ? La salle d'essayage ? La Tour Eiffel de loin ? La chambre d'hôtel quatre étoiles où il a bien fallu que tu te fasses baiser par le photographe ? Tu adores Paris.. Idiote. » « In english Cassie. You know how I suck at french. » « Cassandre. And I was just saying you were pretty amazing with David this morning. » Ô magie le visage s'était soudain illuminé. Elle porta la coupure sur sa paume à ses lèvres, suçotant le liquide précieux au gout âcre et rouillé. Elle s'en voulait de l'avoir amenée. Elle aurait voulu être seule, avec le gout du sang et la Seine pour lui vriller les yeux.
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MessageSujet: Re: une dernière étreinte mes bras - dorian.   une dernière étreinte mes bras - dorian. EmptyMer 9 Fév - 17:45

Un sourire était venu écorcher le coin de sa bouche. Fugace, il s’y était éteint. Comme les entrailles de Dorian s’étaient disloquées, et puis éparpillées, la photographie fût froissée, broyée, entre les doigts fébriles. Le présent remplaça le souvenir, et les larmes lui montèrent aux yeux. La peine, et rien que cela ; aucun sourire pour peu qu’il ne fût pas triste, et terrible. De colère, il enfonça le papier dans la poche de son jean et il cracha sur les pavés des quais. Il s’y sentait seul, et surtout pathétique ; le manque qui lui vrillait le corps n’étouffait ni le froid, ni le calme du Paris vespéral. Pire, il les alimentait avec une passion romantique proche de l'Art sans pour autant jouxter le Beau.

Notre-Dame supplantait sa triste déchéance, et les passants filaient dans leur belle insouciance. Ils ne voulaient rien savoir, eux, de sa peine, et de ses destructions. Ils se moquaient bien de son histoire, et Dorian leur en aurait certainement voulu s’il n’avait pas vu ses propres plaies comme de sombres trésors à garder jalousement pour lui et pour lui seul. Assis sur un modeste banc de pierre, il bordait la Seine de son regard absent. Noyé, il l’était dans des eaux bien plus noires, au cœur d’abysses déchirantes. Il y mêlait ses pensées, ses espoirs incendiés et quelques autres choses, futiles choses, que nul n’aurait pu nommer - d'ailleurs. Dorian n’étudiait rien de sa souffrance, il la vivait. Il n’y avait ni passion ni poésie dans sa manière de vivre son drame. Il était là, il était fade, à contempler des horizons déchus au travers d’une réalité parfaitement absurde pour ses yeux. Ce n’était ni un roman, ni un film. Ce n’était rien qu’une vie lacérée, et balayée au vent. Nul ne s’en souciait. Nul ne le devait non plus.

Non-assistance à personne en danger. Oui, et alors quoi ? Quelqu’un s’en serait certainement préoccupé s’il avait préféré, à sa lente agonie, un plongeon salutaire dans les flots indolents de la Seine accueillante.

Soupirant, et comme une silhouette se mit à approcher, Dorian s'extirpa de sa torpeur, et leva enfin les yeux. Les courbes se découpèrent dans le soleil couchant, éblouissant ses iris d’une teinte mensongère. « Vous auriez du feu ? lui lâcha une jeune femme. » Devinant son sourire, le regard du jeune homme ne chercha pas celui de l’inconnue. Quand même l'eut-il voulu, d’autres étoiles violèrent le jour pour lui offrir la nuit.
Elle appelait le regard. Elle appelait le sien. Cette façon d’être seule, même au milieu d’une foule. Cette façon d’être au monde, sans se donner non plus. Il fallait voir cette jolie blonde lui servir d’apparat, l’orner, pour n’être, en fait, que superflue. Il fallait voir le soleil se coucher sur ses frêles épaules sans pourtant lui peser. Il eut fallu emprunter les yeux de Dorian pour s’apercevoir de tout cela, à la seconde même où il le vit lui-même. Ni avant, ni après. A cet instant précis. Et à cette distance-là. Car s’il ne voyait que l’insolence de ses reins, pour ne pas dire qu’il ne voyait bien que son dos, il perçut déjà tout. Et puisqu’il ne se lassait pas, ses yeux se mirent doucement à le brûler. Cligne donc des yeux, Dorian Saint-Clair. Oublie. Reviens au monde. « Du feu ? répéta l'inconnue. » Ce fût comme une ultime, et désespérée, tentative du Destin de l‘arracher à ses chimères. En vain. Nécessairement en vain. Puisqu'il ne la regardait pas. Jamais. Ou jamais plus. Dorian se moquait bien du stade de son cancer, tout comme du confort de son lit. Il voulait l‘effacer, la balayer du revers de la main ; elle empêchait la sibylline créature, là-bas, sombre assassine de ses dévots, de lui briser le cœur avant qu‘il n‘ait aimé.

Animé d’intentions sans noblesse, Dorian dépassa l’importune et s’approcha de l’eau. Obstiné, son regard refusa de quitter la créature, tant et si bien qu’il ne parvint à elle qu’avec les larmes aux yeux ; le temps fût long avant que toutes les marées ne furent ravalées par ses paupières. « Il faut se sentir sacrément seule pour s’enchaîner à quelqu‘un d‘aussi vide de substance. » Avait-il la coutume d’accoster de sibyllines inconnues dans le tout Paris pour le plaisir de critiquer leur compagnie ? Certainement pas (il n’accorda d’ailleurs aucun ersatz de son attention à la jolie blonde). Mais elle lui imposait cette conduite. Il ne l’expliquait pas - Dorian s’expliquait peu de choses, mais il ne se serait pas vu agir, ou penser, autrement. Alors même s’il se présentait dans les haillons de sa déchéance, et même s’il s’était soumis à une humiliation latente qu’il n’appartenait plus qu’à son bourreau de confirmer, Dorian ne bougea pas un seul instant. Bien au contraire, il fit la preuve d’une patience savamment condamnable pour un innocent sacrifié sur l'autel d'une justice aveugle.
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