« Je crois que vous devriez demandez à quelqu'un d'autre Madame Taylor. » Mon regard ne se défaisait pas du sien, même si je savais très bien que j'allais en rafler tout une. Ce n'était pas très professionnel de ma part de refuser une job, mais ça serait encore pire si je devais faire celle-là. Je n'avais pas envie de la rencontrer, de pouvoir lui proposer une opportunité alors que je savais qu'elle m'avait sortit de sa vie à cause d'un non. Eryn et moi étions sortie ensemble il y a deux ans et je devais dire que j'avais réellement aimé nos deux mois passés ensemble. Mais c'est encore à cause de la mode que tout a foiré, elle a décidé de couper les ponts et je n'ai jamais eu la force d'aller la voir pour qu'on s'explique. Bon je sais que je suis peureuse, mais quand on me dit de m'en aller, c'est ce que je fais. L'orgueil en est pour beaucoup, j'en suis certaine aussi. Et puis les mois on passé, elle s'est fait engagée chez Elite et je me suis dis qu'elle se foutait tout simplement d'une fille minable comme moi. Evie prends quelques secondes pour se repasser les mots que je lui ai dit en tête, comme si quelque chose l'échappait. Personne ne lui refusait rien, et je n'étais pas en mesure de faire ce genre de caprice, mais je me devais d'essayer. Quand elle eu comprit que j'étais assez sérieuse, le rouge lui monta aux joues, elle apposa ses mains sur ses hanches dans la position qui faisait frémir toutes femmelettes qui se retrouvaient devant elle. J'avalai ma salive avec difficulté, voulant tout à coup effacé mes anciennes paroles. « Whitacker... Vous allez sortir de mon bureau tout de suite et allez faire ce que je vous demande, C'EST CLAIR?! » Après un bref hochement de la tête, je fus donc résolue à m'enfuir la queue entre les jambes - pas littéralement parlant, j'suis pas une shemale quand même - et d'écouter la directrice de l'agence, coûte que coûte.

Je savais que si je ne voulais pas perdre ce job que ma mère appréciait tant, je devais l'écouter aux doigts et à l'oeil. Renfrognée je m'en allai à mon bureau pour prendre toutes les affaires qu'il me fallait pour aller rencontrer Eryn. J'étais certaine qu'elle n'avait aucune idée que je serais celle qui s'occuperait de son cas en plus, ça me foutait les jetons. Je décidai de bifurquer à la toilettes avant de me rendre à la salle de rencontre. Le stress me donnait toujours envie d'aller aux toilettes et on pouvait comprendre rien qu'en voyant ma tête que je ne tenais plus en place. Je finis par m'ausculter dans le miroir, boudant au reflet qu'il envoyait. J'étais très ordinaire, je me demandais si Eryn avait beaucoup changé en deux ans. Soupirant, je pris ma mallette et me rendis à la salle de rencontre mes talons claquants dans les couloirs étroits de l'agence. Elle était déjà présente, en m'approchant de la porte je pouvais la voir de dos avec sa longue chevelure foncée qui contrastait tellement bien avec la mienne. Je rassemblai toutes mes dernières forces possible pour ouvrir la porte vitrée et venir m'installer devant elle, déposant ma mallette sur la table. « Salut Eryn... » Je me raclai la gorge et je décidai de prendre un côté professionnel sérieux, du coup qu'elle ne voulait rien savoir de moi. « Alors, l'agence Marilyn serait très intéressée à vous engager pour le billet d'un défilé de mode pour un styliste avant-garde. » Je ne la fixai pas, m'occupant à sortir les fichiers de mon sac en silence...

J’avais besoin de faire un book, manquant cruellement de bookeuse à l’agence Elite pour cause de démission après une dépression aigue, on m’avait envoyé dans l’agence Marilyn. Elles s’étaient mise d’accord et je devais simplement m’y rendre, j’affichais un sourire niais et hochais la tête, je ne pouvais pas dire non sinon s’en était terminé pour ma carrière, Clarence le savait, elle avait ce pouvoir légitime et puis, ce n’était rien de compliqué. J’arborais une petite robe en flanelle et une parka noir afin de me protéger de la pluie battante, j’en avais besoin pour rester belle, tout comme l’immense parapluie que je hissais au dessus de moi dans l’optique de me protéger. Je sautais au dessus des flaques d’eau et arrivais à l’agence quelques minutes plus tard. Je secouais le parapluie, soupirais et me dirigeais vers l’entrée, face à un miroir, je replaçais mes cheveux, ma robe et puis tournoyais à droite et à gauche, ne sachant pas rester en place, mon réel défaut à vrai dire. Je soupirais, regardais l’heure, elle était en retard, j’allais partir et puis je me ravissais, je n’avais pas le droit, je devais simplement être esclave de ses maitres, tant pis. Je passais une main dans mes cheveux et là, sa voix retenti derrière mon dos, prononçant mon prénom, je cru à une blague, à un rêve, et puis, ce pouvait être quelqu’un d’autre avec une voix presque similaire. Je me tournais pour lui faire face et laissa échapper un hoquet de surprise. Sa chevelure blonde et son visage angélique, nous nous étions aimé deux ans plus tôt, je l’avais adoré et elle m’avait simplement appris que j’étais bisexuelle, je m’étais posée mille et une questions, oui, étais-je amoureuse ? Etais-je sincèrement attirée par cette femme ? Oui, c’était certain, je lui avais préparé un diner, des bougies et une chambre de rêve, je lui avais préparé une soirée des plus belles et des plus délicates, j’étais prête à lui offrir mon corps, j’étais prête à coucher avec elle, j’en avais envie et puis, elle est entrée et m’a annoncé qu’elle avait choisi une autre femme pour son shoot, j’avais crié et je l’ai flanqué à la porte, ne comprenant alors pas pourquoi elle avait préféré une autre femme à moi, j’avais besoin d’elle pour entrer dans le monde de la mode et elle m’avait abandonné, j’en avais pleuré des jours, je l’avais perdue mais ma fierté m’avait empêcher de la chercher et puis, je suis revenue chez mes parents pour faire une pause dans ce milieu et revenir plus forte encore.

D’un ton des plus professionnel, elle m’annonça alors que l’agence était intéressée par moi, j’étais fière de savoir que Marilyn me voulait moi, un mannequin de l’agence Elite et l’écoutait d’une seule oreille, une question revenait en tête, pourquoi n’avait-elle pas cherché à me revoir ? M’avait-elle oublié, m’avait elle simplement aimé un jour ? Je n’avais pas parlé jusqu’alors, c’est pourquoi je lui demandais :

« Depuis quand tu travailles chez Marilyn ? »

Nous avions changé toutes les deux, j’en étais certaine. Je passais une nouvelle main dans mes cheveux, j’avais envie de lui demander tellement de choses, mais nous étions là pour le travail, je n’avais pas le droit de couper court à ces paroles qu’elles m’offraient, ouvrant alors un book sous mes yeux.

Je savais que j’allais en rafler toute une, parce qu’aucune de nous n’avait décidé de venir voir l’autre pour ne serait-ce que s’expliquer un peu. Et la vérité étant qu’elle m’avait réellement manqué et je m’en rendais seulement là, alors que je croisais son regard azuré qui faisait écho au mien. Malgré la relation libre que j’avais avec Miah, j’avais de vrais sentiments envers elle alors il m’était plus difficile de choisir personnellement d’aller voir ailleurs. Sauf qu’il ne me fallait qu’un regard ver Eryn pour que je me dise qu’il était réellement possible d’éprouver des sentiments pour plusieurs personnes à la fois. Je m’en voulais d’être aussi faible, d’autant plus que je savais qu’elle n’avait très probablement rien à faire de moi. La seule chose qu’elle voulait c’était que j’accepte son book afin d’avoir la chance de défiler pour l’agence Marilyn. Ça me faisait mal de penser qu’elle se foutait de moi, mais je devais m’y faire. Tremblante, j’essayais de ne pas paraître trop troublée dans mes paroles et de lui parler de manière professionnel, comme ça elle n’aurait pas à se sentir mal elle aussi. J’étais aussi loin de savoir qu’elle se posait tout autant de questions à mon sujet, moi qui croyais tout simplement qu’elle m’avait oublié. Mon estime faible de moi-même ne permettait décemment pas de pouvoir affirmer que je lui avais manqué ne serait-ce qu’un peu.

« Depuis quand tu travailles chez Marilyn ? » Sa voix me rappela doucement à l’ordre et d’ailleurs je me sentis fondre rien qu’en l’entendant. « Cela fait presque deux ans maintenant. » Ce n’était définitivement pas bon pour ce genre de rencontre, après tout je me devais de rester complètement objective à tout ça. Je devais voir si Eryn avait réellement assez évoluer pour espérer avoir un tel job. Après tout, je savais que je me ferais assassiner si je la choisissais et qu’elle faisait une gaffe. Je m’assis devant elle et pris son book pour ausculter tranquillement ses photos. L’une d’elle était très subjective et je me surpris à la fixer, perdant le fil du temps en remarquant qu’elle s’était fait tatouer. Je ne sût pas depuis combien de temps je regardait ce cliché, mais lorsque je me rendis compte de ce fait je relevai la tête immédiatement pour croiser le regard d’Eryn. Je refermai le book dans un bruit sourd et je sentis mon regard dévié pour regarder un point non important de la sale. Et le rouge qui me montait aux joues, je détestais lorsque ça m’arrivait. Et surtout que la seule chose que j’arrivai à lui dire fut : « Tu t’es fait tatouer à ce que je vois… »