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 Si nous pouvions franchir ces solitudes mornes ; (REAVER)

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MessageSujet: Si nous pouvions franchir ces solitudes mornes ; (REAVER)   Si nous pouvions franchir ces solitudes mornes ; (REAVER) EmptyJeu 3 Fév - 4:17


« Et si je posais pour toi ? »

Si nous pouvions franchir ces solitudes mornes ; (REAVER) Sa2v




Le soleil se couchait lentement sur la ville, laissant place à une luminosité moindre, tandis que les parisiens s’activaient à rentrer chez eux, leur journée de travail enfin terminée. Les routes étaient bouchées et les métros et RER devaient être pleins. Pendant que ce monde d’actifs rentraient chez eux, Phylis dinait tranquillement dans son petit appartement. Une salade complète, des légumes, un peu de viande, et un fruit. Simple, équilibré et sain. Accompagné des bruits de fond tel que la télévision, les paroles de Wanda et Miah ses colocataires et les conducteurs qui s’impatientaient au dehors. La vie d’un mannequin était parfois faites de moments très calme et simple, comme quoi poser pour Vogue et ELLE ne changeait pas forcément grand-chose à la vie. « Et ton rendez-vous galant de ce soir alors ? » La voix de Wanda résonna dans la pièce tandis qu’elle apparaissait dans le champs de vision de Phylis, s’asseyant sur la chaise libre en face d’elle. Apparemment, la jeune hongroise ne pourrait pas diner tranquille ce soir. « Shooting amical. » Cela semblait important de rectifier, sait-on jamais ce que les filles pouvaient s‘imaginer dans leur petite tête. Surtout que Phylis devait bien être l’une des rares jeune fille de son âge à n’avoir jamais eu ce genre rendez-vous avec qui que ce soit. La jeune mannequin était bien loin de toutes ces histoires de cœur qu’ont les adolescentes en général. Les garçons et les filles ne l’avaient jamais vraiment intéressé plus que ça de cette façon là. Sortir avec quelqu’un, elle n’en voyait pas l’intérêt. Passer sa vie dans les bras de quelqu’un, elle trouvait ça d’un ennuis mortel. Et embrasser quelqu’un..Erk, rien que d’y penser, sa salade remontait dans sa gorge. Cela devait tellement être désagréable d’avoir des lèvres pleines de microbes et de salive se poser sur les siennes. Paraît-il qu’il fallait même y mettre la langue ensuite, Phylis n’osait même pas imaginer la sensation que cela pouvait être. C’était juste vomitif. Alors un rendez-vous galant pour Phylis, sérieusement ? Avec le nombre de pervers qui devaient trainer à Paris, hors de question qu’elle se mette à chercher qui que ce soit. « Amical dans quel sens ? » Wanda la cherchait là, non ? Haussant les épaules, Phylis se contenta de vider son assiette et d’aller se chercher un kiwi qu’elle coupa en deux. Elle ne comptait pas avoir une discussion avec Wanda ce soir, l’envie n’y était pas. Mais la jeune femme insistait. « Il est beau au moins ? » Si le photographe qu’elle verrait ce soir était beau ? C’était peu dire. Mais pourquoi fallait-il toujours que les gens jugent d’abord par le physique ? La jeune hongroise ne comprenait pas cette façon de penser. C’était superficiel. Comme ce monde d’apparence et de faux semblant qu’elle côtoyait tous les jours. Les gens oubliaient le principal chez l’être humain. Son caractère. Sa capacité à penser et à réfléchir. Sa vision des choses. Son opinion. Son cerveau et son cœur. Son côté artistique. Sa valeur morale. Son lui. Le visage n’était qu’une façade, un masque. « Pire qu'un troll. » C’était faux bien sur, mais avec ça, Wanda comprendrait qu’elle était de trop pendant sa dégustation de kiwi. Son ton était froid et dur comme à son habitude et elle n’hésitait pas à mentir quand il s’agissait de rester tranquille dans son coin. « J’en déduis qu’il est beau. Et tu comptes y aller comme ça à ton rendez-vous galant ? » Phylis, toujours calme, posa ses yeux sur sa colocataire, la regardant sans vraiment la regarder. Pieds nus, elle ne portait qu’un short noir et un long t-shirt délavé. Oui, elle n’avait pas froid. Elle n’était pas frileuse. Et puis dans l’appartement, il faisait bon. Elle avait trainé toute l’aprem dans l’appart entre douche, lit et canapé, ayant passé la matinée entière à la salle de sport pour rester en forme. Non bien sur qu’elle ne comptait pas se pointer ainsi ce soir. « Nue. » Wanda savait très bien que Phylis n’était pas du genre à sortir mal habillée, alors pourquoi donc insistait-elle autant ? La colocataire sembla exaspérée de la réponse de la jeune hongroise, mais cette dernière n’ajouta rien, se contentant de se lever de table après avoir finis son fruit et ainsi son repas. Phylis fila ensuite prendre une petite douche, puis elle enfila d’autres vêtements, optant pour un beau jean bleu foncé, un t-shirt blanc en dessous un t-shirt bleu marine, puis un grand gilet gris-noir, un foulard dans les tons rouges autour du cou et des bottines noirs à talons aux pieds. Un peu de maquillage, les cheveux détachés, quelques bracelets et des boucles d’oreilles assez simple, sans oublier son petit sac à main d’un bleu intense. C’était peut-être trop, mais ce n’était rien comparé à la normale lors d’une séance photo. Car ce soir, en effet, Phylis allait à la rencontre d’un photographe, en pleine rue, en pleine semaine, en pleine soirée, pour une séance photo sans contrat, sans paperasse, sans agence, sans argent, sans complication ni obligation. Juste lui, son appareil et elle. Lui ? C’était Reaver. Reaver Hemingway. Un jeune photographe américain très prometteur selon Phylis. Un homme mystérieux qui cachait une tristesse que Phylis ressentait dans chacun de ses mouvements. Peut-être se trompait-elle, mais elle ne pouvait s’empêcher de ressentir comme un grand chagrin en lui. Avec ce photographe, le courant était tout de suite passé. Les séances photos se déroulaient incroyablement bien, le photographe était satisfait du travail de la mannequin qui se sentait à l’aise aux côtés de cet homme, et le résultat était toujours excellent. Forcément, l’Agence Marilyn était toujours contente de voir un tel travail mais malheureusement pour Phylis, elle ne travaillait pas aussi souvent qu’elle l’aurait souhaité avec l’américain. Voilà déjà un bon moment qu’ils n’avaient pas eu l’occasion de se voir et de travailler ensemble et il fallait avouer que cela manquait à la jeune mannequin. Reaver avait quelque chose en lui qui plaisait énormément à Phylis. Non, pas de la façon dont un homme virile peut plaire à une jeune adolescente, loin de là. Mais le photographe attirait la curiosité de Phylis qui ne pouvait s’empêcher de vouloir apprendre à le connaître un peu mieux. C’est pourquoi la semaine dernière, prise d’une envie, elle avait appelé l’américain pour lui proposer de se faire ce fameux « shooting amical ». Il avait demandé à ce que ce soit un soir. Elle avait proposé les quais près de Notre Dame. Et il avait précisé l’heure, soit 20h40. « Tu vas être en retard, tu le sais ça ? » Il était déjà 20h45, donc oui, elle était en retard techniquement parlant. Mais Phylis n’arrivait jamais à l’heure pour ses rendez-vous amicaux. Non pas qu’elle aimait se faire attendre, mais elle n’aimait pas être à l’heure. Elle n’était pas une horloge, elle était humaine. Jeune et insouciante aussi, mais ça c’était une autre paire de manches. Vérifiant qu’elle avait bien le strict nécessaire sur elle, elle s’avançait vers l’entrée quand la voix de Wanda arriva jusqu’à ses oreilles. « T’as pas oublié les préservatifs j’espère ? Pas envie de te supporter avec un gros ventre ! » Ouvrant la porte, Phylis sortit de l’appartement avant de refermer la porte derrière elle, loin de Wanda et de ses questions et remarques on-ne-peut-plus-chiante de ce soir. La jeune mannequin marcha tranquillement jusqu’aux quais de seine, longeant le trottoir à la recherche de la silhouette de l’homme recherché. Dans sa tête, sans vraiment savoir pourquoi, alors qu’elle cherchait Reaver, elle se demanda si c’n’était pas un peu ambigüe que de faire une séance photo en pleine nuit dans un cadre privé. Elle se retourna, et c’est là qu’elle le vit, a quelques mètres d’elle, juste là, sur ce même trottoir, avec son air toujours détaché et mystérieux. Sans hésiter elle s’avança vers lui, pensant intérieurement qu’avec un sourire il devait faire fondre n’importe qui. Une fois face à lui, elle s’arrêta, silencieuse. Les bonsoir comment ça va, très peu pour elle. Pourtant, c’était la moindre des politesses, mais Phylis ne comptait pas rentrer dans ce jeu d’habitudes stupides et inutiles. Alors elle se contentait de le regarder avec ses yeux perçants. « Des photos en noir et blanc, ce serait parfait. » Avait-elle seulement le droit d’exiger quoi que ce soit ? Ce n’était qu’une remarque, mais certain photographe n’appréciait pas qu’on leur suggère quoi faire et où le faire et comment le faire. Mais Phylis ne disait là que ce qu’elle pensait, sans mentir, pour une fois. Pas de bonsoir, pas d'excuses pour le retard, simplement ce qui lui semblait essentiel. « On commence ? » Ses yeux croisèrent ceux de l’américain et elle sentit que cette séance photo serait spéciale.
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