Premier rayon de soleil de la matinée et surement le dernier de la journée… C’était comme ça à Paris, et à force je m’y étais habitué, bien que Londres ne soit pas énormément si différente concernant la météo. J’avais balancé ma couette hors du lit, sans me soucier de mon chat qui miaulait étouffé sous la couverture. Amusée, je m’étais levé pour m’accroupir au sol à la recherche de ma bête à poil, qui était devenue ma meilleure amie. Certains trouveront ça idiot et d’autres comprendront mais moi, je m’en contrefiche. Une fois que je l’avais enfin libérer de cette pile de tissu, je la déposais sur mon lit avant de lui embrasser le nez. « je suis désolé Lilye ». Puis dans un sourire amusée, je me redressais et parti prendre rapidement une douche afin de partir pour le studio. Ce n’est qu’une fois habillé d’un jean slim, suivi d’un haut flatteur et de mes ballerines, que je pris mes affaires pour partir vers mon lieu de travail. Cela faisait maintenant quelques mois que je travaillais pour cette agence, et j’avais enfin pris mes repaires. J’avais ma propre maquilleuse, ma propre loge et la liste de mes contrats commençaient sérieusement à s’allonger et ceux à mon plus grand bonheur. Car si chaque morceau de papier était pour moi une réussite, et un pas vers la gloire, je peux vous certifier qu’il y a tout juste un an, cela avait une tout autre signification. Mais je n’étais pas là pour revenir en arrière. Mon frère me disait toujours d’aller de l’avant et même encore aujourd‘hui, c’est pourquoi je ne garde que très peu de souvenirs d’anciens défilers ou des séances photos, seulement ceux qui ont marqué ma vie ou qui ont eu lieu pour de grands événements. C’est peut être un raisonnement absurde mais au moins il me permet d’avancer la tête haute dans ce monde de requins qu’est la mode.

Mon sac à main sur mon épaule, j’avançais dans les rues parisiennes, pleine d’entrain. Car je n’avais qu’une seule hâte, celle de découvrir le planning de ma journée et ainsi me retrouver émerveillée devant les créations de divers styliste, comme une enfant qui déballe le jour de son anniversaire la poupée de ses rêves. Et ce n’est qu’un fois que je poussais la grande porte en verre pour pénétrer dans le hall que je rencontrais mon tuteur avec le styliste du jour en question. Les saluant tout les deux en leur serrant la main, je fus tout de suite conduite en studio par une manageuse qui me poussait la main contre mon dos.

- Aujourd’hui tu fais un shoot pour le magazine Glamour. Ils on décidés de consacrer un numéro entier à ce styliste que tu viens de voir dans le hall. 5 d’entres vous sont prévu dans ce magazine alors donnes toi à fond ! C’est une chance inouïe qui ne se reproduit pas tout les jours !

Je l’observais surprise devant son enthousiasme et son insistance. J’avais déjà posé pour de plus grands magazines et celui-ci ne me paraissait pas aussi important que les autres. De plus, c’était pour mettre en valeur de simples vêtements, pas de quoi en faire tout une cérémonie. Mais j’acquiesçais d’un hochement de la tête suivis d’un sourire avant de disparaitre dans la loge, là ou une habilleuse m’attendait déjà les bras croisés légèrement impatiente. « ça promet… » Soufflais-je tout en déposant mes affaires sur le meuble contre le mur. Puis je me déshabillais rapidement pour enfiler la première tenue qui était d’une banalité que j’en fus presque déçue. Une simple pantalon beige, avec une fine ceinture noire vernie et un chemisier blanc légèrement entrouvert. Je me laisse donc habillé sans dire un mot puis maquiller et coiffer en attendant le retour de ma manager qui devait surement être avec le photographe. Photographe… D’ailleurs qui était le photographe de cette séance ? Moi curieuse de nature, c’était la première question que je posais lorsque j’apprenais que nous faisions un shoot mais là j’avais complètement omis de le faire. Car sans exagération, si vous n’êtes pas en osmose avec lui, vous pouvez êtes certaines que les photos ne seront jamais à la hauteur de votre espérance. Et pour avoir eu un mauvais souvenir justement de cela je peux le prouver noir sur blanc. Et je n’oublierais jamais ce jour le plus intimidant de toute ma vie car cet homme m’avait profondément marqué. Je me souviens de son visage froid, triste, sans sourire, sans chaleur. Je me souviens également de sa voix grave et imposante. Il faisait peur ! Il me faisait peur, et c’était à mes tout début dans cette agence, que j’avais été confronté à lui. D’ailleurs cela avait finis en larmes tellement l’atmosphère qu’il y avait ce jour là m’avait mise mal à l’aise. Et rien que de m’en rappeler j’en frissonnais. C’est alors que Kate revenus vers moi avec un café à la main.

- Qui est le photographe ? lui demandais-je enfin prête.
- Un certain Reaver. Me répondit-elle tout en sirotant sa boisson.
- Reaver… répétais-je pensive.

Ce nom me disait quelque chose, mais je n’arrivais pas à mettre un visage derrière. Haussant les épaules, je finis par ouvrir la porte vers la salle avant de me figer surprise, le souffle court et le cœur me frappant dans la poitrine. Brusquement je refermais la porte aussitôt en m’y plaquant contre.

- Je refuse de travailler avec ce type !!!

Je regardais sérieusement et paniquée Kate, qui en renversa son café suite à ma saute d’humeur et surtout mon comportement. Elle me passa devant et ouvrit la porte à nouveau pour me laisser passer.

- Tu travailleras avec lui que tu le veuilles ou non ! me répondit-elle sèchement. Il n’est précisé nulle part sur ton contrat que tu as le droit de choisir avec qui tu travailles. Quand tu auras la carrière de Kate Moss là et je dis bien là, à ce moment là tu pourras te le permettre. Maintenant au travail avant que je ne regrette amèrement de t’avoir mise sur ce coup.

Baissant les yeux vers le sol, sans répondre par timidité et surtout pour ne pas me faire engueuler encore plus, je lui passais devant pour prendre place sur une chaise à barreau en bois. Je sentais mon cœur tambouriner sous ma peau, et je sentais surtout la nervosité et le stresse me ronger de la tête au pied. Non seulement Kate avait raison mais le pire était que je n’avais rien le droit de dire ! Non seulement je ne voulais pas perdre ma place mais en plus, d’après ces dires, c’était un privilège d’être là aujourd’hui dans cette pièce malgré cet homme. Je fermais les yeux avant d’inspirer profondément et de les rouvrir vers l’appareil. Et ce fut à ce moment là que je tombais nez à nez dans son regard. Je ne su pas exactement ce qui était en train de se passer à l’instant même, mais il m’était impossible de me séparer de ses yeux, dans lesquels j’étais en train de me perdre complètement. Et je ne pu faire un seul geste. Même respirer me paraissait impossible alors que je sentais ma poitrine gonfler puis dégonfler. Sans contrôler la situation, je m’étais retrouver prisonnière de son regard, si bien que j’en oubliais presque pourquoi j’étais là. Lorsque soudainement, les lumières s’orientèrent sur moi, me faisant cligner des yeux et reprendre mes esprits, tandis qu’un claquement de main se fit entendre.

- Bon alors, on y va ?